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Montesquieu.

Eh bien, continuez.

Machiavel.

Je suis à vos ordres.

Montesquieu.

Vous venez, à vos débuts, d’édicter sur la presse une législation formidable. Vous avez éteint toutes les voix, à l’exception de la vôtre. Voilà les partis muets devant vous, ne craignez-vous rien des complots ?

Machiavel.

Non, car je serais bien peu prévoyant si, d’un revers de la main, je ne les désarmais tous à la fois.

Montesquieu.

Quels sont donc vos moyens ?

Machiavel.

Je commencerais par faire déporter par centaines ceux qui ont accueilli, les armes à la main, l’avénement de mon pouvoir. On m’a dit qu’en Italie, en Allemagne et en France, c’étaient par les sociétés secrètes que se recrutaient les hommes de désordre qui conspirent contre les gouvernements ; je briserais chez moi ces fils ténébreux qui se trament dans les repaires comme les toiles d’araignées.

Montesquieu.

Après ?