Page:Joly - Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 187 —

D’ailleurs, j’userai de tolérance ; non-seulement je n’interdirai pas les réunions qui seront formées dans l’intérêt de mes candidats, mais j’irai jusqu’à fermer les yeux sur les agissements de quelques candidatures populaires qui s’agiteront bruyamment au nom de la liberté ; seulement, il est bon de vous dire que ceux qui crieront le plus fort seront des hommes à moi.

Montesquieu.

Et comment réglez-vous le suffrage ?

Machiavel.

D’abord, en ce qui touche les campagnes, je ne veux pas que les électeurs aillent voter dans les centres d’agglomération, où ils pourraient se trouver en contact avec l’esprit d’opposition des bourgs ou des villes, et, de là, recevoir la consigne qui viendrait de la capitale ; je veux qu’on vote par commune. Le résultat de cette combinaison, en apparence si simple, sera néanmoins considérable.

Montesquieu.

Il est facile de le comprendre, vous obligez le vote des campagnes à se diviser entre des notoriétés insignifiantes, ou à se reporter, à défaut de noms connus, sur les candidats désignés par votre gouvernement. Je serais bien surpris si, dans ce système, il éclôt beaucoup de capacités ou de talents.