Page:Joly - Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 197 —

peut pas directement proscrire. Les universités renferment des armées de professeurs dont on peut, en dehors des classes, utiliser les loisirs pour la propagation des bonnes doctrines. Je leur ferais ouvrir des cours libres dans toutes les villes importantes, je mobiliserais ainsi l’instruction et l’influence du gouvernement.

Montesquieu.

En d’autres termes, vous absorbez, vous confisquez à votre profit même les dernières lueurs d’une pensée indépendante.

Machiavel.

Je ne confisque rien du tout.

Montesquieu.

Permettez-vous à d’autres professeurs que les vôtres de vulgariser la science par les mêmes moyens et cela sans brevet, sans autorisation ?

Machiavel.

Quoi ! voulez-vous donc que j’autorise des clubs ?

Montesquieu.

Non, passez donc à un autre objet.

Machiavel.

Parmi la multitude de mesures réglementaires que réclame le salut de mon gouvernement, vous avez appelé mon attention sur le barreau ; c’est étendre l’action de ma main au delà de ce qui est nécessaire pour le moment ; je touche ici d’ailleurs à des intérêts civils, et vous savez qu’en cette