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qu’après l’achèvement des dépenses que la nécessité a fait naître pendant le cours de l’année. On reconnaît, dans vos budgets, je ne sais combien d’espèces de crédits qui répondent à toutes les éventualités possibles : les crédits complémentaires, supplémentaires, extraordinaires, provisoires, exceptionnels, que sais-je ? Et chacun de ces crédits forme, à lui seul, autant de budgets distincts. Or, voici comment les choses se passent : le budget général, celui qui est voté au commencement de l’année, porte au total, je suppose, un crédit de 800 millions. Quand on est arrivé à la moitié de l’année, les faits financiers ne répondent déjà plus aux premières prévisions ; alors on présente aux Chambres ce que l’on appelle un budget rectificatif, et ce budget ajoute 100 millions, 150 millions au chiffre primitif. Arrive ensuite le budget supplémentaire : il y ajoute 50 ou 60 millions ; vient enfin la liquidation qui ajoute 15, 20 ou 30 millions. Bref, à la balance générale des comptes, l’écart total est d’un tiers de la dépense prévue. C’est sur ce dernier chiffre que survient, en forme d’homologation, le vote législatif des Chambres. De cette manière, au bout de dix ans, on peut doubler et même tripler le budget.

Montesquieu.

Que cette accumulation de dépenses puisse être le résultat de vos améliorations financières, c’est ce dont je ne doute pas, mais rien de semblable