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senter le budget, d’en dissimuler, au besoin, l’élévation croissante. Il n’est pas de gouvernement qui ne soit dans la nécessité d’en agir ainsi ; il y a des ressources inépuisables dans les pays industrieux, mais, comme vous le remarquiez, ces pays-là sont avares, soupçonneux : ils disputent sur les dépenses les plus nécessaires. La politique financière ne peut pas, plus que l’autre, se jouer cartes sur table : on serait arrêté à chaque pas ; mais en définitive, et grâce, j’en conviens, au perfectionnement du système budgétaire, tout se retrouve, tout est classé, et si le budget a ses mystères, il a aussi ses clartés.

Montesquieu.

Mais pour les initiés seulement, sans doute. Je vois que vous ferez de la législation financière un formalisme aussi impénétrable que la procédure judiciaire chez les Romains, au temps des douze tables. Mais poursuivons. Puisque vos dépenses augmentent, il faut bien que vos ressources croissent dans la même proportion. Trouverez-vous, comme Jules César, une valeur de deux milliards de francs dans les coffres de l’État, ou découvrirez-vous les sources du Potose ?

Machiavel.

Vos traits sont fort ingénieux ; je ferai ce que font tous les gouvernements possibles, j’emprunterai.