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VINGT-TROISIÈME DIALOGUE


Machiavel.

Je ne réponds à aucun de vos mouvements oratoires. Les entraînements d’éloquence n’ont que faire ici. Dire à un souverain : voudriez-vous descendre de votre trône pour le bonheur de votre peuple, n’est-ce pas folie ? Lui dire encore : puisque vous êtes une émanation du suffrage populaire, confiez-vous à ces fluctuations, laissez-vous discuter, est-ce possible ? Est-ce que tout pouvoir constitué n’a pas pour première loi de se défendre, non pas seulement dans son intérêt, mais dans l’intérêt du peuple qu’il gouverne ? N’ai-je pas fait le plus grand sacrifice qu’il soit possible de faire aux principes d’égalité des temps modernes ? Un gouvernement issu du suffrage universel, n’est-il pas, en définitive, l’expression de la volonté du plus grand nombre ? vous me direz que ce principe est destructeur des libertés publiques ; qu’y puis-je faire ? Quand ce principe est