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Page:Jonson,marlowe,dekker,middleton-les contemporains de shakespeare-1920.djvu/11

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NOTICE SUR BEN JONSON

Ben Jonson naquit en 1574, deux mois après la mort de son père. Au bout de deux ans, sa mère se remaria avec un maître maçon qui, son beau-fils ayant atteint l’âge d’apprendre, le mit à l’école de Westminster, puis à Cambridge, au collège de Saint-John. Le susdit beau-père ayant perdu une partie de sa fortune fit de Ben Jonson un maçon. Comme on pouvait le prévoir, le jeune homme se lassa bientôt de la truelle ; il se sauva sur le continent, s’engagea dans l’armée des Flandres où il fit quelques prouesses, puis revint à Londres pour débuter comme acteur. À la suite d’un duel avec un de ses camarades, duel jugé à tort ou à raison déloyal, il fut accusé de meurtre, jeté en prison où il se fit catholique pour redevenir bientôt protestant, puis, gracié, se maria et devint père d’un garçon dont Shakespeare devait être le parrain. Cependant, la misère ne le quittait pas. Ce fut alors qu’il songea à devenir auteur dramatique, carrière qui, si elle ne le mena pas à la fortune, lui valut du moins la gloire de passer à juste titre pour le plus grand auteur dramatique de son temps, après Shakespeare.

Son œuvre est considérable. On a de lui : Chaque homme a son humeur, Chaque homme hors de son humeur, l’Alchimiste, Les divertissements de Cynthia, Le méchant Poète, Séjan, Catilina, Epicène ou la Femme silencieuse. Le Diable est un âne, La Nouvelle Auberge, La Dame Magnétique, Le Berger mélancolique, etc., etc., nombre de divertissements, d’épigrammes, de poèmes, et enfin un chef-d’œuvre, Volpone ou le Renard, dont nous donnons ici une traduction.

Il mourut en 1637, fut enterré à l’abbaye de Westminster. Grâce à la générosité d’un sir John Young, on peut reconnaître sa tombe qui porte ces mots gravés : O Rare Ben Jonson !

G. D.