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Ferneze

Alors, que les riches paient pour ceux-là.

Barabas

Les étrangers n’ont rien à voir avec votre tribut !

Deuxieme chevalier

C’est parmi nous qu’ils ont acquis leurs richesses. En ce cas, la justice veut qu’ils concourent au tribut !

Barabas

Dans les mêmes proportions que vous autres ?

Ferneze

Non, Juif, comme des infidèles. C’est-à-dire que nous proportionnerons vos taxes à la patience que nous avons mise à vous supporter, vous, haïssables et maudits du ciel. Lisez les articles de nos décrets.

Un officier, lisant

« Primo, le tribut dû aux Turcs sera levé parmi les Juifs, et chacun d’entre, eux devra verser la moitié de ce qu’il possède. »

Barabas

La moitié de ce qu’il possède ? (À part) J’espère qu’il ne s’agit pas de moi !

Ferneze

Continuez.

Un officier, lisant

« Secundo, celui qui s’y refuserait sera immédiatement baptisé. »

Barabas, à part

Baptisé ! Que résoudre ?

Un officier, lisant

« Ensuite, dépouillé de tous ses biens. »

Les trois juifs

Seigneur, nous abandonnons notre moitié.

Barabas

Oh coquins, vous n’êtes donc pas nés juifs ? Est-il possible que vous soyez assez lâches pour abandonner vos biens à leur choix ?

Ferneze

Barabas, veux-tu être baptisé ?

Barabas

Non, je ne me convertirai pas.

Ferneze

Alors, paie ta moitié.

Barabas

Pesez les conséquences d’une pareille détermination. La moitié de mes biens représente la richesse d’une ville ! Cela ne se gagne pas si facilement et ne se partage pas si volontiers !