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Lodowick

Sans aucun doute ton âme en recueillera les fruits.

Barabas

Oui, mon seigneur, mais le jour de la récolte semble encore éloigné. Je sais pourtant à quoi point les prières de ces nonnes et de ces saints frères, qui en retirent d’ailleurs un certain argent, sont merveilleuses… (À part) sans rendre les gens meilleurs. (Haut) Il suffit de constater leur zèle pour se convaincre qu’ils en récolteront des fruits, j’entends qu’ils abonderont en perfections.

Lodowick

Cher Barabas, ne change pas la conversation en la mettant sur les nonnes.

Barabas

Je le fais, emporté par la chaleur de mon zèle. (À part) Espérant, avant qu’il soit longtemps, mettre le feu à cette maison ; car, malgré sa prospérité, je n’ai pas dit mon dernier mot sur elle ! (Haut) En ce qui concerne le diamant, seigneur, venez à la maison ; nous nous entendrons facilement sur le prix, quand ce ne serait que par égard pour votre honorable père. En attendant il faut que j’achète un esclave.

Lodowick

Je te tiendrai compagnie.

Barabas

Voici la place du marché. Combien cet esclave ? Deux cents couronnes ? Les Turcs pèsent-ils si lourd ?

Premier officier

C’est le prix.

Barabas

Il sait donc voler que vous en demandez si cher ? Sans doute il possède un nouveau procédé pour dérober les bourses ? Il vaudrait alors trois cents pièces d’argent. Si je l’achetais, pourrais-je obtenir de la ville l’engagement qu’elle ne l’enverra jamais aux galères ? La justice est sévère pour les voleurs, et très peu sont libres avant d’avoir purgé leur peine.

Lodowick

Tu n’estimes ce Maure que deux cents pièces d’argent ?

Premier officier

Pas davantage, monseigneur.

Barabas

Pourquoi ce Turc est-il plus cher ?

Premier officier

Il est jeune et renferme beaucoup de qualités.