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Page:Jonson,marlowe,dekker,middleton-les contemporains de shakespeare-1920.djvu/156

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Il aime ma fille qui a du penchant pour lui, mais j’ai juré de tromper leurs espérances et de me venger du gouverneur.

Katherine

Ce Maure est plus avenant, n’est-ce pas ? Réponds, enfant.

Mathias

Je préfère celui-ci, ma mère ; regardez bien.

Barabas

Affecteriez-vous de ne pas me reconnaître devant votre mère de peur qu’elle ne soupçonne le mariage en question ? Quand vous l’aurez quittée, venez chez moi, considérez-moi comme un père. Adieu, mon fils.

Mathias

Qu’est-ce que Lodowick pouvait bien vous dire ?

Barabas

Nous parlions de diamants et non d’Abigaïl.

Katherine

Dis-moi, Mathias, n’est-ce pas cela le Juif ?

Barabas

Quant au commentaire sur les Macchabées, je le tiens à votre disposition.

Mathias

Oui, madame. Je causais avec lui à propos de l’emprunt que je lui voudrais faire d’un livre ou deux.

Katherine

Ne lui parle pas, il est maudit du ciel. Tu as tes couronnes ? Partons.

Mathias

Surtout, Juif, souviens-toi du livre.

(Sortent Mathias et sa mère).
Un officier

Allons j’ai fait d’assez bonnes affaires.

(Sortent les officiers et les esclaves).
Barabas

Maintenant, dis-moi ton nom, ta naissance, ta condition et ta profession.


Ithamore

À parler franc, seigneur, ma naissance est médiocre ; je m’appelle Ithamore. Quant à ma profession, elle sera comme que vous voudrez.

Barabas

Tu n’as donc pas de métier ? Alors écoute-moi bien, et tu sauras ce que j’attends de toi. D’abord il faut renoncer à la compassion, à l’amour, aux vaines espérances, à la crainte ; ne t’émouvoir de rien, n’éprouver aucune pitié et te contenter de sourire quand les Chrétiens gémiront.