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Page:Jonson,marlowe,dekker,middleton-les contemporains de shakespeare-1920.djvu/9

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INTRODUCTION

De l’éclat de son génie Shakespeare a illuminé tout le xvie siècle siècle anglais. Il l’a illuminé au point d’éblouir. Cependant, autour de ce soleil, gravitaient des planètes dont, plus tard, on a évalué l’importance. Malheureusement, tandis que les noms de ces auteurs planétaires, grâce à l’insistance de certains critiques, parvenaient jusqu’à nous, leurs travaux demeuraient ignorés, surtout en France où l’on a mis tant de temps à se familiariser les œuvres étrangères. À l’heure où nous écrivons, malgré les progrès accomplis dans l’histoire des littératures, malgré les efforts, pour ne citer que ceux qui se sont occupés de l’Angleterre, des Rémusat, des Guizot, des Chasles, des Taine, des Mézières, les auteurs anglais du xvie siècle siècle sont demeurés presque des mythes. Sauf quelques privilégiés, personne ne connaît dans notre pays ceux qui ont si puissamment aidé à la renaissance des belles-lettres anglaises et à celle du génie saxon : le comte de Surrey, ses poèmes mélancoliques inspirés de Virgile et de Pétrarque ; sir Philip Sidney qui, après avoir voyagé en France, en Allemagne, en Italie, étudié Aristote et Platon, les tragiques grecs et les sonnetistes italiens, les poésies de notre Ronsard, les pastorales de Montemayor, la géométrie, l’astronomie, devait triompher avec la pastorale ; Spenser embrassant dans ses Hymnes à l’amour et à la beauté, le Calendrier du Berger, la Reine des Fées, la chevalerie chrétienne et l’olympe païen ; Francis Bacon ; cet admirable rénovateur des sciences, etc., etc. On n’a aucune idée de la façon originale et violente dont les Nash, les Peele, les Lodge exerçaient la critique et manœuvraient le pamphlet. Enfin, on semble même demeurer indifférent aux textes des auteurs dramatiques, prédécesseurs ou contemporains de Shakespeare, pourtant plus aisés à comprendre, malgré, je le répète, les avertissements de laine, d’Alfred Mézières, et les remarquables études qu’ils ont consacrées à leurs œuvres.

Or, la littérature dramatique anglaise, au xvie siècle siècle, dépasse en abondance et en qualité tout ce que l’on peut imaginer. Nous nous sommes efforcé, nous aussi, dans des études précédentes, de rendre compte de cette incroyable production ; mais, à part Shakespeare, nous aussi dûmes nous contenter de citer les auteurs sans reproduire leurs œuvres. Ce n’était plus quelques livres mais une véritable bibliothèque qu’il fallait confier à l’imprimerie : le bagage de Marlowe est consi-