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NOTICE

SUR

LA VIE ET LES ŒUVRES

DE BEN JONSON



II s’est fait, depuis quelques années, beaucoup de bruit autour de Shakspeare ; après avoir relevé sa statue et réhabilité sa mémoire, on a retrouvé, lu, étudié ses prédécesseurs et ses contemporains ; d’éminents écrivains ont entretenu le public de leurs noms et de leurs œuvres ; nous-même, sans nous comparer aux maîtres de la critique moderne, nous avons été des premiers à leur consacrer une étude[1]. On sait maintenant que Shakspeare n’a pas été un phénomène isolé, et que, lorsqu’il arriva de Stratford, il trouva à Londres une civilisation littéraire, et devait y rencontrer des modèles, des émules et des rivaux.

Le goût des spectacles était général à la ville comme à la cour ; le peuple accourait en foule pour entendre les chroniques de son histoire découpées en scènes dramatiques. Dans les premières années de Shakspeare, six théâtres étaient debout ; le nombre devait en monter à dix ou douze dans le courant de sa carrière au théâtre. Il fallait bien des poëtes pour subvenir à une telle avidité de représentations scéniques, et certes il n’en manqua pas.

Ils sont tout à la fois acteurs et écrivains ; et, grâce à la collaboration, les recrues arrivent en grand nombre. C’est une entre

  1. Revue européenne, 1er mai, 15 mai, 1er avril 1859.