ACTE II.
Scène PREMIÈRE.
Monsieur, pour un homme sage, la patrie, c’est le monde. Ce n’est ni la France, ni l’Italie, ni même l’Europe qui m’arrêteront si mes destinées m’appellent ailleurs. Cependant, je proteste que ce n’est pas l’ardente curiosité de visiter de nouvelles contrées, ni un changement de religion, ni une désaffection du pays où je suis né et auquel je dois rapporter mes conceptions les plus précieuses, qui m’amènent sur le sol étranger ; c’est encore moins le dessein frivole, antique, usé, le dessein grisonnant de connaître les mœurs et les coutumes des hommes ainsi que l’avait Ulysse, mais un goût particulier de ma femme pour cette terre de Venise, dont elle veut observer, apprendre, analyser le langage, et le reste… Je pense que vous voyagez, monsieur, avec une permission ?
Oui.
J’ose vous parler alors avec d’autant plus de sécurité. Depuis combien de temps avez-vous quitté l’Angleterre ?