trois ou quatre gazettas[1] ou six sous pour le tout. Car cela ne montera pas plus haut.
Vous qui voulez vivre longtemps, écoutez ma chanson, ne faites plus de bruit, mais achetez cette huile. Voulez-vous être toujours jeune et beau, avoir les dents solides et la langue bien pendue ; le palais frais, l’oreille fine, la vue longue, la narine claire, la main moite, le pied léger ; ou bien, pour tout dire en un mot, voulez-vous être à l’abri de toutes les maladies, servir votre maîtresse comme elle le désire, et mettre en fuite toutes les douleurs rhumatismales : voici la médecine universelle.
Bah ! je suis en humeur aujourd’hui de faire cadeau de la petite quantité de fioles que renferment encore mes coffres ; aux riches par courtoisie, aux pauvres pour l’amour de Dieu ; écoutez donc : je vous demandais six couronnes, et c’est le prix que vous m’avez payé autrefois. Vous ne me donnerez pas six couronnes, ni cinq, ni quatre, ni trois, ni deux, ni une ; ni la moitié d’un ducat, ni même un môcinigo[2]. Cela vous coûtera six pence ou six cents livres, — n’attendez pas un prix plus bas, car, par l’étendard qui flotte au-dessus de ma tête, je ne rabattrai pas d’un bagatine[3]. Ce que je veux avoir, c’est un gage de votre affection ; je veux emporter quelque chose de vous, comme preuve que vous ne me dédaignez pas. C’est pourquoi, maintenant secouez, secouez gaiement vos