La France serait bien mieux connue, si chaque ville avait son historien, et si, par le recueil de ce qui s'est passé de plus important dans son pays, de ce qu'il y a de plus remarquable, de ce qu'il produit de plus utile, de ce qu'il présente de particulier, on fournissait à une main habile de nombreux et précieux matériaux pour l'histoire et la statistique générale de ce royaume.
Mais trouverait-on facilement, dans chaque lieu, quelqu'un qui, surmontant les dégoûts d'un travail auquel il faut que la patience prenne autant de part que la réflexion, consentit à frustrer ses plaisirs du temps que demanderaient de pénibles recherches et des lectures assidues, au bout desquelles on n'a souvent rien à recueillir ? Qu'est-ce, d'ailleurs, que la réputation d'homme laborieux, auprès de celle d'homme d'esprit ? On ne doit guère s'attendre à voir préférer la première, qui coûte bien plus d'application qu'elle ne donne de relief, à la seconde, qui s'acquiert à si bon marché dans ce siècle plus disert qu'éloquent, où la pompe des mots en impose sur la valeur des choses, et où l'on accorde si libéralement