Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/103

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au « grand prince miséricordieux et grand seigneur, Etienne Voévode, puissant sur toute la Valachie ».

Radu, qui avait repris les armes, fut vaincu, en 1471, à Soci ; en vain avait-il compté sur l’appui des boïars moldaves, qui auraient désiré un autre prince ; Etienne, averti à temps, les avait fait décapiter. Deux années d’expectative patiente suivirent. Au mois d’août 1473, Mohammed II avait vaincu à Terdschan son grand rival asiatique, mais ses troupes étaient revenues dans un état lamentable et lui-même, déjà malade de la goutte, était complètement épuisé. Etienne pénétra donc en Valachie ; son incursion fut si rapide que son faible rival, battu près de la rivière du Râmnic, ne put se maintenir dans sa forteresse de Bucarest, devenue la capitale du pays pour les princes vivant sous la tutelle des begs danubiens ; il se réfugia auprès de ses protecteurs, abandonnant son trésor, sa femme, sa fille, qui devait être plus tard la troisième épouse d’Etienne. Un descendant de Dan II, Laiota, autrement dit Basarab II (ou III, s’il faut compter un prétendant passager), prit sur lui, comme jadis son père, de défendre le Danube contre les Turcs. Les begs riverains, les Michalogli, étant revenus d’Asie, le nouveau Basarab trahit tout simplement la cause chrétienne ; il fut aussitôt remplacé par un autre partisan du Moldave, homonyme de l’ancien prince et vraisemblablement son fils, qui, en imitant l’exemple sanglant de Tepes, fut surnommé « le petit empaleur » (Tepelus) ; mais celui-ci dut se réfugier en Moldavie devant la grande invasion turque qui eut lieu avant la fin de l’année.

La bataille qui fut livrée par Etienne, avec ses boïars et ses paysans, auxquels s’étaient ajoutés un petit contingent szekler et — on l’a prétendu du moins — quelques troupes polonaises, à Podul-Inalt, au «