dont le nom signifie « pays de la plaine », mais ce n’est pas la montagne qui crée des limites et qui donne une physionomie à tout ce qui se trouve dans son ombre, protectrice et inspiratrice en même temps.
Il en est autrement dès que les Carpathes atteignent ces régions qui représentent la patrie ancienne, traditionnelle, de la race roumaine, autochtone dans ses rochers aussi bien que dans, les profondes vallées qui se creusent entre les dernières ramifications boisées de la montagne. Observez d’abord leurs noms : la citadelle des Carpathes, qui recouvre toute la région de ses lignes, qui sont comme les circonvolutions fécondes de pensée et d’impulsion, s’appelait jadis pour les Magyars, envahisseurs tardifs et incapables de coloniser à eux seuls la forêt, « la forêt du roi » ; elle correspond en Orient à la grande forêt de la Serbie, allant de Belgrade jusqu’à Niche et qui dévora, par tous les dangers qu’elle recelait, un si grand nombre de croisés, ou bien encore à ces grandes forêts de l’Occident, la Hercynia de César et de Tacite, la forêt des Ardennes du moyen âge, qui recouvrent le plus souvent les replis montagneux. Ce qui se trouvait au delà fut pour la latinité médiévale une « Transylvanie », terme qui se généralisa ensuite, comprenant la province tout entière. De ce « pays au delà des forêts », on descend dans la « Transalpina », la Hava-salföld des Magyares, « le pays au delà des Alpes ». Pour les Roumains de la Moldavie voisine, de création plus récente, c’est la « Muntenia », le « pays de la Montagne », où habitent les « Montagnards », les « Munteni ». Lorsque le patriarche de Byzance créa au XIVe siècle un archevêché pour les Roumains de cette Valachie, le nouveau siège reçut le titre de « Hongrovalachie et des plateaux montagneux » (πλαγηυά, roum : plaiuri). Le Nord, riche en forêts, de cette Moldavie elle-même, la future Bucovine de