Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passent la frontière pour imposer au Szekler le retour aux anciennes conditions de vassalité ; Bistritz, qui du reste ne fut pas occupée et qui permit seulement plus tard à son suzerain une entrée solennelle, était déjà considérée, avec tout le district jusqu’à Rodna, comme dépendant de la principauté voisine, car Pierre nomme les bourgeois saxons « ses sujets et fidèles ». Quelques mois après, le commandant de l’armée princière, le Vornic (majordome, Palatin), Grozav, remportait sur les Saxons, partisans du roi Ferdinand, une grande victoire décisive à Feldioara (Foldvar), près de la rivière de l’Olt ; l’avant-garde des vainqueurs pénétra jusque dans le voisinage de la Fehervar des Voévodes magyars qui était considérée comme le chef-lieu de la Transylvanie. Puis ce fut le siège de Brasov-Kronstadt, qui résista énergi-quement au prince lui-même, bien qu’il dirigeât contre les bourgeois, en même temps que les boulets des canons pris dans sa victoire, les phrases menaçantes de ses missives, d’une rudesse exagérée, reflétant le fond passionné de son âme. Ils se rachetèrent, tout en reconnaissant Rares comme leur « protecteur », au nom de Zapolya. Sighisoara (Segesvar), Fagaras (Fogaras), même Médias (Megyes) suivirent cet exemple. Etablissant ses douaniers dans le district du « Burzen-land » saxon, à Prejmer, le Moldave commençait à se poser en maître absolu de la province, « conquise par le sabre », qu’il déclarait « ne vouloir céder à personne ». « Ce traître moldave veut la province pour lui-même », exclamait avec indignation un Saxon auquel le roi Ferdinand venait d’attribuer les fiefs d’Etienne-le-Grand, avant d’avoir pu les arracher à son successeur.

La campagne intempestive et malheureuse de Rares contre la Pologne lui fit perdre, en 1531, une situation déjà acquise par son intelligence et son énergie.