Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/156

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Celle du monde slave était cependant restée sans abri ; les continuateurs danubiens de l’impérialisme balcanique s’empressèrent de la recueillir. Les moines copient activement dans des couvents de lettrés, comme Tismana ou Bistrita, en Olténie, comme Neamt et Putna, fondation du grand Etienne, en Moldavie, des livres liturgiques, des traités de morale et de théologie, des commentaires de l’Ecriture, des no-mocanons contenant les lois byzantines, des pages de chronique universelle, à côté du bref récit slavon des exploits accomplis par les maîtres du pays. La première presse roumaine établie pour Radu-le-Grand et Mihnea Ier par un moine du Monténégro, Macarius, devenu Métropolite de Valachie, donna de beaux livres slavons destinés aux orthodoxes de cette langue, et il en fut de même pour toute la série des publications va-laques du XVIe siècle[1].

Ce paysan couronné et vêtu de pourpre, qui écoute dans l’église, sous le dais portant les armes du pays, les litanies slavones et s’incline légèrement devant le Métropolite local ou devant le Patriarche de passage qui l’encense, ce vassal des Turcs, qui peuvent le rappeler à la Porte pour répondre aux accusations de ses ennemis et rendre compte de sa gestion, n’est pas cependant, comme les princes de l’Ibérie, restés indépendants sous la sauvegarde des hautes montagnes du Caucase, un dynaste oriental, faible reflet de la splendeur byzantine d’autrefois. L’Occident, avec lequel, jusqu’à Venise, à Danzig, en Angleterre, il fait le commerce et dont les événements forment sa préoccupation continuelle, a contribué lui aussi à son caractère complexe, par cette vivacité innovatrice qui l’empêche de s’immobiliser dans les anciennes formes

  1. Voy. J. Bianu et Nerva Hodos, Bibliografia româneasca veche ; deux volumes.