Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/168

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slavons de Neamt, écrits sur parchemin et sur papier, sous les successeurs d’Alexandre-le-Bon et surtout sous Etienne-le-Grand, sont parmi les plus beaux qu’ait produit l’art byzantin. Des frontispices d’un art délicat les ornent, et l’on rencontre même des portraits de princes, des images de saints d’une technique fine. H y aura un progrès incessant dans ce domaine jusqu’à la fin du xviiesiècle. Quant aux livres imprimés en Valachie d’abord, puis en Transylvanie, à Brasov-Kronstadt, à Szasz-Sebes et à Orastie-Broos, par un diacre exilé, Coresi, et par ses disciples et concurrents, ils conservent, surtout ceux qui parurent dans la principauté, la bonne tradition artistique de Macarius.

C’était tout le domaine que l’orthodoxie permettait à l’artiste ; s’il est question une fois du portrait de la princesse valaque, fille de Chiajna, que voulait épouser le « Despote » moldave, et à la même époque, du tableau mural, représentant le combat de Verbia, dans lequel ce même aventurier arracha la couronne à Alexandre Lapusneanu, il faut y voir, probablement, l’œuvre de quelque maître étranger qui n’était pas lié par les mêmes restrictions.

Débuts de la littérature roumaine. — Pour avoir aussi une littérature, il fallait une langue littéraire. Si, dès le commencement du XVe siècle, un clerc roumain du Nord-Est de la Transylvanie ou du Marmoros voisin, influencé par la propagande hussite, victorieuse dans ces. régions, donna une rude traduction des Ecritures, qui s’est conservée dans les manuscrits dits de Voronet (Actes des Apôtres) et de Scheia (Psautier), elle ne fut pas admise, bien entendu, par l’orthodoxie dominante. On se servait cependant du roumain pour des ébauches de traités, pour des instructions d’ambassadeurs, des comptes privés, des notices personnelles,