Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/195

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Eustratius. L’ambition de Lupu, lequel avait emprunté son nom princier de Basile à l’Empereur auquel le monde oriental doit la législation des Basilicales, confia au même Eustratius et à un autre Grec, le savant clerc Mélèce le Syrigue, devenu évêque dans ces contrées, une autre mission, celle de donner une traduction roumaine des lois impériales que ce prince, grand et impitoyable justicier, allait appliquer strictement dans son pays. Son code fut publié à Jassy en 1646 et, presque à la même époque, ce texte, auquel furent ajoutés d’autres éléments empruntés aux sources byzantines pour former une lourde compilation presque inextricable, parut en Valachie, à Govora, par les soins du prince rival, Mathieu (1652). Ce dernier avait fait imprimer, du reste, une autre réglementation, plus simple, tirée des originaux slavons, qui regardait surtout la discipline de l’Église, la Petite Pravila (1640). Certaines règles du culte eurent aussi la faveur d’être publiées en roumain, par l’initiative des chefs de l’Église valaque à cette époque.

La littérature profane ne devait pas s’arrêter aux travaux de Moxalie et d’Eustratius. On eut, vers la moitié du XVII siècle, un résumé de l’histoire ottomane, et le fameux aventurier Georges Brancovitch, qui ambitionnait d’être, par le concours des Impériaux de Vienne ou de ceux de Moscou, despote de Serbie, second de ce nom, ce frère de l’évêque transylvain Sabbas, ce commensal et ami des princes et des nobles valaques, signant parfois en roumain : Bràncoveanu, compila deux opuscules d’histoire, qui sont à la base du panslavisme : une chronique de Kiev, plutôt traduite sur l’ouvrage d’un moine de la Petscherska, et une œuvre originale sur le passé des Serbes. On a trouvé même la version roumaine de ce long rapport dans lequel le futur prince de Transylvanie, Jean Ke-mény, racontait l’histoire de la campagne de Georges Ràkoczy