Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/20

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de cette race thrace, dont nous parlerons bientôt, à la civilisation très avancée de laquelle on a rattaché les témoignages d’art trouvés à leurs côtés. Etaient-ils, ces ancêtres, pareils ou non aux hommes qui habitaient à la même époque les vallées de la Péninsule Balcanique et qui s’étendaient sur toute la vaste région comprise entre l’Adriatique, le Pont Euxin et l’Archipel ? Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a de sérieuses raisons de croire que cette civilisation primitive est thrace ; d’autre part, il est certain que d’un bout à l’autre de la région carpatho-danubienne formant le territoire unitaire sur lequel se développa plus tard la race roumaine, il y eût, à l’époque néolithique, une civilisation primitive d’un caractère parfaitement unitaire[1]. Dans la couleur, les ornements et la forme des vases, dans la nature des ustensiles, dans l’aspect des armes de bronze, dans la construction des tombeaux, dans le caractère et le groupement des habitations, il n’y a aucune différence entre les objets trouvés sur le rebord des Carpathes moldaves ou sur les collines de la Prahova.

A l’unité de la terre correspond ainsi l’unité de la première race manifestement autochtone, du moins en ce qui concerne ses premières manifestations artistiques.

Influences scythiques. — Si la montagne pouvait servir de refuge aux habitants déjà établis sur cette terre, les rivières fournissaient, en commençant par le Danube lui-même, des voies naturelles d’invasion, car elles amenaient, attirés par le voisinage des riches

  1. M. Jean Andriesesco, dans un excellent ouvrage intitulé Contributie la Dacia înainte de Romani (Jassy 1912), va même plus loin : il parle dans sa préface de l’unité néolithique carpatho-balcanique ; il constate que ses caractères sont les mêmes dans la Moldavie orientale et en Transylvanie (cf.ibid., p. 73)