Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/259

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Eliad, qui poursuivait un idéal mystique de liberté humaine selon la Bible et des avantages personnels pour son insatiable ambition, se réunit à un des Go-lescu, à quelques jeunes officiers et à un prêtre de village, pour proclamer à Islaz, sur le Danube, en Olténie, la Révolution. Il se dirigeait, suivant l’exemple de Tudor, sur Bucarest, lorsqu’il apprit que le prince avait abdiqué au moment où on lisait à la foule la proclamation révolutionnaire. Un gouvernement provisoire, composé des chefs de ces deux mouvements, parfaitement distincts dans leur origine et dans leur caractère, conserva le pouvoir du mois de juin au mois de septembre, non sans être entré en conflit avec les commandants de la milice ni sans avoir cédé, à une heure de panique, le terrain aux boïars. L’intervention ottomane, exigée par la Puissance protectrice, qui avait déjà fait entrer ses troupes en Moldavie, amena rétablissement d’une Lieutenance Princière et, après une échauffourée entre les troupes du Sultan et les pompiers de Bucarest, venus à leur rencontre pour leur rendre les honneurs, les lieutenants furent chassés et les chefs du mouvement escortés au-delà des frontières. L’influence russe, qu’on avait voulu écarter, revint plus menaçante ; et la convention russo-turque de Balta-Liman, fixant une période d’occupation par les forces militaires des deux Empires, bornait à sept ans la durée du règne des nouveaux princes, Grégoire Ghica en Moldavie et Stirbei en Valachie.

En même temps, les Roumains de Transylvanie s’étaient constitués en nation, d’après les traditions, interrompues depuis cinquante ans, du Supplex Libellas. Alors que les Magyars, connaissant la nature passive des Saxons loyaux à leur Empereur, faisaient tous leurs efforts pour faire voter par la diète du pays la réunion de cette province transylvaine au royaume