Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/269

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même à cause de la manière franche dont il les présentait. Bon compagnon de plaisir et de lutte, ce fils de boïar, d’une famille qui avait compté deux rebelles, dont l’un avait été exécuté pour des aspirations au trône, avait fait ses études en France, pour être ensuite officier dans l’armée de Vogoridès, qui, le croyant indissolublement lié à sa cause, lui donna un avancement rapide, jusqu’au grade de colonel. Mais, chargé d’administrer le département de Covurluiu, dont Galatz est la résidence, le colonel Alexandre Cuza refusa de tremper dans les élections falsifiées, et sa démission, énergiquement motivée, lit du bruit. Chef de l’armée moldave, il avait un moyen d’action auquel ne pouvait être égalé aucun autre. Cependant tous ceux qui étaient incapables de reconnaître la force supérieure qui intervient parfois pour diriger les actions des hommes bien au-dessus de leurs propres intentions, durent être fort étonnés lorsque, le lendemain même de son inscription comme candidat, il fut élu prince à l’unanimité, le 17 janvier 1859. Ils auraient été encore plus surpris si on leur avait dit que ce nouveau prince moldave, inconnu à Bucarest, pourrait vaincre toutes les puissantes candidatures qui s’y disputaient la victoire. Cependant le 24 janvier (ancien style) il était proclamé avec la même unanimité dans cette autre Assemblée électorale.

Sans hésiter plus longtemps, Cuza accepta. Un conflit était imminent entre la France, qui soutenait le chef unique des Principautés, et l’Autriche, qui l’aurait volontiers chassé ; d’autre part, cette même Autriche pouvait craindre une alliance des pays danubiens avec l’Italie irrédentiste et les exilés magyars soutenus par le Ministère de Turin ; elle se résigna donc au « fait accompli », que la Sardaigne allait bientôt imiter. Quant à la Turquie, elle n’osa pas intervenir ; plus tard, lorsque le Prince de Roumanie se