Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mains. Sarmisagethusa elle-même fut consumée par les flammes, mais seulement après que, dans un dernier banquet, les chefs des daces eussent bu le poison et que Décébale et ses fils se fussent suicidés dans leur dernier refuge.

L’œuvre romaine(106-279). — Trajan, vainqueur, fit élever à Rome, en souvenir de cette campagne difficile, une colonne triomphale plus haute et plus belle que celle de Marc-Aurèle et il « colonisa » la Dacie désormais soumise. Il ne tenta pas la tâche, d’ailleurs impossible, de détruire la race même de ces vaillants Thraces de la montagne. Si certains Daces émigrés ne perdirent jamais l’espoir de chasser les Romains usurpateurs et de revenir à leurs foyers détruits, un grand nombre de Thraces, surtout les descendants paisibles des Gètes d’autrefois, durent rester dans leur patrie ; et n’oublions pas les régions où la romanisation antérieure avait créé déjà, sur le long de la rive, la population mixte d’où devaient sortir les Roumains. Un texte latin, tiré des Vies des Césars, qui passa dans la brève compilation d’Eutrope, assure que des colons vinrent de tout le monde romain (ex toto orbe roinano). On a été jusqu’à dire qu’ils vinrent en première ligne de l’Italie elle-même, opinion professée avec orgueil par les partisans d’une descendance romaine pure et exclusive. Il ne faut pas accorder une trop grande autorité à un texte secondaire, rédigé dans un cabinet de rhéteur et de maître d’école, complètement étranger aux raisons politiques et au sens des réalités. L’Italie n’avait plus guère de Latins à exporter ; ses nouveaux « Romains », citoyens créés par la réforme de Cara-calla, n’auraient guère apporté avec eux les vertus ethniques du Latium. Ils n’auraient pas mieux valu que les aventuriers accourus pour exploiter les mines de Transylvanie, que cette foule de fonctionnaires, à