Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/39

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étudier dans la Dobrogea actuelle, où les monuments les concernant sont plus nombreux, l’ancienne vie fut perpétuée dans une forme de plus en plus romaine. Mais, de même que la côte maritime avait abrité depuis des siècles la civilisation hellénique, qui put se maintenir sans vouloir féconder, il y eut, le long des routes qui suivaient le coursdes rivières de Transylvanie, des villes bien peuplées et richement ornées, avec leurs temples, leurs basiliques, leurs amphithéâtres, leurs prétoires ; on a déterré, à Ulpia Trajana, qui avait remplacé la royale misère de Sarmisagethusa, des mosaïques dignes des pays d’ancienne civilisation qui faisaient partie de l’État romain, de même qu’à Tomi et à Istria des colonnes de marbre aux élégants chapiteaux surgissent des ruines amoncelées du passé hellénique.

Mais tout cela n’était ni un élément durable ni un élément nécessaire à l’unité territoriale des Carpathes et du Danube. On le vit bien quand, après de longs combats malheureux contre les Goths envahissants, l’empereur Aurélien dut ordonner, vers 271, à peine un siècle et demi après la conquête de Trajan, la retraite des légions et des fonctionnaires sur la rive droite qui, pour sauver les apparences, devint une nouvelle Dacie. En quelques années, les voies n’étant plus sûres sans la protection des soldats, les villes furent abandonnées ; les paysans du voisinage s’en partagèrent les ruines après le départ de l’ennemi. Avec l’administration disparut tout ce qui servait à l’exploitation économique du territoire et qui en formait le décor.