Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Lorsque les Magyars descendirent dans la Pannonie, ils y rencontrèrent des Slaves et, aussitôt après leur apparition an delà de la Theiss, vers la forêt qui menait vers le territoire « transylvain », des Roumains autochtones.

Les roumains et les etats slaves.— Les Roumains ne pouvaient songer à créer, comme les Bulgares, leurs voisins, un nouvel Empire romain, de langue barbare, car ils ne faisaient que continuer dans des formes populaires l’ancienne vie impériale. Sans doute, ils considéraient comme leur chef légitime l’empereur de la Rome constantinopolitaine, dont, pendant cinq cents ans, de Justinien aux Coninène, les armées apparurent de temps en temps sur la rive gauche pour en chasser les Slaves guerriers ou les Magyars envahisseurs ; mais de l’ancienne organisation, ils n’avaient conservé que les détenteurs modestes d’une autorité qui s’étendait seulement sur un « territoire », une tara, bornée aux limites étroites d’une vallée. Tout ce qui se rapporte à l’écriture provenait du vieux fond latin (a série, écrire ; pana, plume ; condeiu, gréco-latin « condylus » ; hîrtie, « chartula » ; carte, livre, negreala, encre, de « niger »). Mais le magistrat qui rendait la justice sous le vieux chêne et jugeait selon l’ancienne coutume non écrite, s’appelait « jude » (judex). Il devint un agent politique après le retrait de l’ordre impérial, de même que chez les Goths du Danube au IVe siècle, le « juge » Athanic avait remplacé le roi et que la lointaine Sar-daigne eut, pendant le moyen âge, des chefs indépendants dans ses seuls « juges », giudici. Les Slaves avaient emprunté aux Francs les ducs, dont le nom devint dans leur langue celui de Voévodes, « capitaines d’armée », et, à une époque plus ancienne, pour des chefs de moindre envergure, ils avaient, près