Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/66

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permanente du Saint-Siège, une ère française sur le Danube aussi ; mais cette Hongrie même des Arpa-diens était, dans l’état où l’avait laissée l’invasion tatare, un instrument dont on ne pouvait plus se servir. Les Cumans l’avaient laissée dans un tel état qu’un des derniers représentants de la dynastie, le roi Ladislas, s’était converti à leurs mœurs et qu’on mettait en doute sa constance dans la foi chrétienne. Des querelles pour le trône éclatèrent, amenant en deçà des montagnes le « jeune roi Etienne » qui, appuyé sur la Transylvanie et en guerre avec les Bulgares jusqu’à Plevna, paraissait devoir refaire dans une forme magyare l’unité territoriale des Roumains ; avant la fin du siècle, les Saxons, « hôtes » de la Couronne, en devinrent les ennemis qu’il fallut soumettre par la force des armes. Après la victoire, le Voévode transylvain, le rude Ladislas Apor, resta maître presque indépendant de la province. Le Marmoros, le Zips, le Banat de Severin, où apparaît le rebelle Dorman, se soulevèrent contre les officiers royaux. La défense du latinisme revint alors à la race française et à ses associés italiens ; car ceux qui la servirent désormais, d’une manière indépendante de la royauté magyare, furent, en effet, en première ligne les Franciscains, auxquels appartient un Plan-Carpin, visiteur de la Tatarie, et toute la série des moines d’Italie qui fondèrent plus tard, vers 1330, le diocèse latin d’Arges. Le dernier Arpadien, André III, était le fils d’une Vénitienne. L’essor français vers l’Orient devait donner à la Hongrie une nouvelle dynastie, originaire elle aussi de Naples et de provenance angevine, celle des Charles-Robert.

La domination tatare eut un avantage inappréciable pour le développement ultérieur de ces régions. Grâce à la fortune qui accompagnait partout les drapeaux du grand Khan et de ses fils et successeurs, il n’y avaitplus