Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/73

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des braies étroites, collant sur le pied ; ils ont de hauts bonnets pointus de fourrure par-dessus les longues, boucles de leurs chevelures ; les uns travaillent à jeter l’effroi au milieu des ennemis, qui seront écrasés bientôt par le poids des pierres détachées du rocher prolecteur ou tués en détail à coups de massue. Charles-Hubert échappa (9-12 novembre 1330) difficilement à la revanche « valaque » ; le sceau royal, égaré dans la confusion de la déroute, ne fut pas retrouvé.

Mais le vainqueur, quoiqu’il eût fait venir l’évêque grec de Vicina sur le Danube pour en faire le premier Métropolite du pays, n’entendait pas changer l’orientation politique du côté de l’Orient ; pendant cette même année 1330, dans les discordes qui déchiraient la péninsule des Balcans, ses troupes, qui soutenaient contre le roi serbe un parent bulgare, avaient été comprises dans la catastrophe de Velboujd (Kustendil). On voit Alexandre ou Nicolas-Alexandre, fils de Basarab, saluer à la frontière le fils et successeur de Charles-Robert, ce roi Louis, dont la carrière, agitée par une ambition fiévreuse, devait être encore plus remplie de vicissitudes que celle de son père. Peut-être même le tribut de 7.000 marcs d’argent dont il est parlé en 1330 fut-il offert au jeune prince, bien qu’aucune source ne mentionne ce détail. A ce moment, Douchan dominait de l’autre côté du Danube, et Alexandre, proche parent du Tzar bulgare qui porte le même nom, pouvait craindre les prétentions de celui qui donnait le Danube pour limite à son empire « gréco-serbe », s’appuyait sur l’Adriatique et tendait à la possession de Constantinople. Des guerres civiles, auxquelles les premières bandes turques avaient été mêlées, sévissaient dans l’Empire byzantin incapable de reprendre la tradition interrompue par les croisades. Capitaine d’une nouvelle expédition sacrée, le roi Louis croyait pouvoir placer au-dessus de ce chaos