unitaire. Car, si la Transylvanie ne présente guère que des vallées étroites entre les cimes des Carpathes et les lignes des collines qui en sillonnent dans tous les sens l’étendue, si le terrain arable n’est représenté que par les « lunci », par les vallées assez larges des rivières, comme l’Olt, les Tîrnave, le Somes ; la Valachie, comprenant aussi l’Olténie et la Moldavie, telle qu’elle était avant les démembrements de 1755 et de 1812, présente tous les aspects possibles d’un territoire complet, et ces provinces forment comme un musée artificiel des aspects divers que peut avoir une riche nature tenant en même temps du froid Occident aux brumes fréquentes, aux prairies verdoyantes et de l’Orient au ciel bleu, au soleil brûlant et aux moissons fabuleuses. En quelques heures de marche, on passe, en Valachie, des rochers nus, des forêts de pins, des ruisseaux qui jaillissent des hautes sources pour s’engouffrer, bruissantes, au milieu des gorges, aux collines où s’étayent les riches vergers semblables à ceux de l’Angleterre, jusqu’à la blanche maison ancienne aux boiseries noircies par les ans. Un peu plus bas encore et l’on se trouvera, sous les rayons ardents, dans une plaine où, en quelques semaines, le brin de blé qui perçait à peine en avril, ploie vers le milieu de juin sous le poids de l’épi doré, alors que dans la montagne les premières fleurs du printemps ne sont pas encore flétries et que, devant les fenêtres des huttes, dans les hameaux, le lilas continue de fleurir. Puis, tout au bout, un monde spécial remplit d’éton-nement le voyageur. C’est la zone du Danube, aux forêts de saules noueux, impénétrables au premier aspect, qui cachent cependant les clairières où le pêcheur nettoie et raccommode ses engins, où il prépare le produit de ses filets. Dans la Dobrogea, cette zone franchit le fleuve, s’étend sur la rive droite, à travers un pays sans maître ayant un passé plus
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