Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/99

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dont elle faisait naturellement partie. Le traité parle aussi d’organiser la défensive contre les « Infidèles », ce qui ne signifie pas les Turcs, mais bien les Tatars de la Crimée, qui déjà sous les premiers successeurs d’Alexandre-le-Bon avaient envahi la Moldavie, tout en étant pour la Pologne elle-même une perpétuelle menace. En ce qui concerne l’hommage, Etienne se déclara prêt à suivre la coutume de ses prédécesseurs, pourvu que le roi Casimir, son suzerain, se trouvât en personne aux frontières. Le roi ne tarda pas, en effet, à paraître en Russie, et l’hommage fut prêté le 2 mars 1462 ; mais, en prince de la nouvelle époque, Etienne se garda bien de renouveler la cession d’Elie et de son frère en ce qui concerne les districts septentrionaux de son pays ; sans mentionner la Pocutie, qui n’était plus entre ses mains, il maintint ses officiers aux gués de Cernauti, dominant la région qui s’étend, dans la Bucovine actuelle, au-delà du Pruth supérieur.

Le roi Matthias ne s’était avancé, en 1462, que jusqu’aux frontières de la Transylvanie, invoquant la lettre d’humilité par laquelle Vlad cherchait à se faire pardonner ses méfaits envers le Sultan pour excuser son absence. Trop faible pour empêcher la perte de ses « pays vassaux » de Bosnie et d’Herzégovine, il échoua, en 1463 et 1464, dans ses efforts pour les recouvrer bien qu’il se fût emparé de la capitale, Jaice, et ne réussit jamais à créer un organisme durable sur les ruines de l’ancien royaume. Lorsque Pierre Aaron se fût réfugié chez les Szekler, Etienne put pénétrer librement sur leur territoire pour les en punir, et désormais ses voisins, jouissant d’une autonomie guerrière qui ne cadrait plus avec les premiers besoins d’une royauté hongroise absolue s’étendant désormais à ce pays de Transylvanie aussi, où chacun avait son privilège, furent des clients du prince moldave, prêts à le suivre dans toutes ses expéditions. Après s’être