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Ex. :

Trestuit si nerf molt li sont estendant
Et tuit li membre de son cors derompant. (Rol., 3970.)
Tous ses nerfs sont très tendus,
Et tous les membres de son corps rompus.
S’en ceste terre puet mais estre ataignanz. (Raoul de Cambrai, 3925.)
Si en cette terre il peut être atteint.

On disait : du vin buvant (= bon à boire) ; se faire connoissant, se faire connaître ; faire entendant, faire entendre ; faus dieus mescreants, auxquels il ne faut pas croire[1] ; au jour du tremblant jugement, etc.

Participe présent et gérondif

L’ancien français possédait un participe présent et un gérondif. Le premier suivait les règles d’accord ; le second, correspondant à des formes latines invariables, était invariable comme elles. Chantanz, part. prés. (lat. *cantantis) ; chantant, gérondif (lat. cantando) .

L’ancienne langue avait une conjugaison périphrastique formée du verbe être suivi d’un participe présent[2]. On disait : il est fuianz, il est coranz, il est aidanz, il est chantanz, c’est-à-dire il fuit, il court, il aide, il chante, avec la distinction de l’état et de l’action.

Mais une tournure encore plus fréquente était l’emploi des verbes aller, venir (et de quelques autres verbes de mouvement) suivis d’un gérondif. Cette tournure était très usuelle au xvie siècle et les poètes de la Pléiade en firent un tel abus que Malherbe dut réagir contre cet

  1. Tobler, Vermischte Beitraege, I (1ere éd.), p 32. sq.
  2. Cf. l’anglais moderne : i am going, je suis allant.