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civitatem > citét (tsitét). L’élément dental initial ne disparaîtra qu’au cours du xiiie siècle.


Ch se prononce tch ; caput > chief (pron. tchief), carum > chier (pron. tchier), sapiat > sache (pron. satche), ricum > riche (pron. ritche).


G devant e, i et j devant a, o, u se prononcent dj comme dans djinn : diurnum > jorn (pron. djorn), judicare > jugier (pron. djudjier), jacere > gésir (pron. djesir), *gaudiam > joie (pron. djóye).

Tch et dj (écrits ch, j, g) ont fini par perdre l’élément dental et se sont prononcés ch et j; c’est la prononciation moderne, qui a commencé au xiiie siècle.


N mouillée est représentée par ign et à la finale par ing : lineam > ligne, mais ling (pron. lign) ; *montaneam > montaigne (pron. montagne), *capitaneum > châtaigne (pron. tchatagne), castaneam > chastaigne (pron. tchastagne) ; ces mots assonent, dans la Chanson de Roland, avec reflambe, chambre, France.


L mouillée est notée par ill à l’intérieur des mots et il à la fin.

Ex. : *mirabiliam > merveille ; *soliculum > soleil ; periculum > péril (pron. perilh; cf. périlleux et non périleux).


S se prononçait toujours à la fin des mots : les ornes ; elle était probablement douce devant un mot commençant par une voyelle (comme auj. les hommes = lezóme(s)) et dure devant un mot commençant par une consonne : les paiens (auj. lé paien, vers 1100 lespaiens).

S plus l, m, n, v, b, d, f, j, est tombée vers l’époque de la Chanson de Roland (deuxième moitié du xie siècle) Devant p, t, l’amuïssement de s est postérieur. Dans l’orthographe s se maintient, dans ce cas, jusqu’au milieu du xviiie siècle.


La semi-voyelle u, dans les groupes qu, gu sonne