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Page:Joseph Boussinesq - Théorie de l'écoulement tourbillonnant et tumultueux des liquides dans les lits rectilignes à grande section, 1897.djvu/72

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» Les forces élastiques se réduiront donc, en chaque point d’un fluide, à ce que nous avons appelé la pression moyenne (égale à ), qui est une pression normale, de même valeur sur tous les éléments plans se croisant en sens divers. De plus, à une température donnée, cette force dépendra uniquement de la densité comme l’état élastique lui-même ; en sorte qu’elle sera une certaine fonction, bien déterminée, de deux variables seulement, la densité et la température Cette fonction croîtra avec à cause des énormes répulsions exercées entre les molécules les plus voisines, et qui grandissent très vite pour peu qu’augmente le rapprochement mutuel de celles-ci[1]. Elle croîtra aussi généralement avec la température car il se produira sans cesse des rapprochements et, par suite, des augmentations de répulsion, entre un grand nombre de molécules voisines, si les vibrations calorifiques s’amplifient, sans même que les situations moyennes changent, c’est-à-dire sans que la densité varie ; et l’on conçoit que ces accroissements de répulsion excèdent, en général, les accroissements d’attraction provoqués par les écartements non moins nombreux survenus entre molécules.


» 5. Deuxièmement, quasi-incompressibilité des liquides. — Considérons, en particulier, à température constante, le cas des liquides, soit fixes, soit peu volatils, pour lesquels il existe un état où, la densité étant notable, la pression comprend une somme d’attractions (exercées aux distances intermoléculaires les moins petites) égale à celle des répulsions et, par conséquent, s’annule. Alors quand, à partir de cet état, la densité croît, la pression due aux actions intermoléculaires exercées aux distances où il y avait déjà de telles actions avant cet accroissement de varie, dans tous ses termes correspondant aux diverses valeurs de proportionnellement à une même fonction de la densité (à raison surtout du nombre des actions élémentaires exercées à travers chaque élément plan, nombre qui grandit comme le carré de la densité) et elle reste nulle. Mais il s’y ajoute les fortes répulsions s’exerçant entre les molécules venues à des distances moindres que les précédentes distances minima de l’état où s’annulait, et de là résulte sans doute l’énergique pression que l’on observe alors, à laquelle est due la quasi-incompressibilité des liquides.

  1. Leçons synthétiques de Mécanique générale, p. 43 à 50 et p. 106.