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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

vous prie de ne pas parler de ce que je viens de vous dire et de ne pas me savoir mauvais gré de ce que je vous ai engagé à vous mêler d’une chose dont le succès n’a pas répondu à votre zèle et à vos soins. Peut-être même l’affaire n’est-elle pas désespérée, et, puisque vous avez déjà rompu la glace, vous pouvez espérer d’en venir à bout en y insistant.

Je vous enverrai, lorsque vous l’exigerez, une copie des différentes objections que vous avez faites contre mon Mémoire sur les ressorts, avec les réponses bonnes ou mauvaises que j’y pourrai faire. Je suis fort impatient d’avoir votre jugement sur ma théorie des intégrales particulières. Il y a un assez long Chapitre qui concerne les équations à différences partielles et qui contient, ce me semble, des idées neuves ou peu s’en faut ; je désire que vous l’examiniez avec impartialité et que vous m’en disiez votre avis librement et sans compliment. J’ai pour mes Ouvrages le moins de prévention qu’il est possible, et j’y prends beaucoup moins d’intérêt qu’à ceux d’autrui, parce que ceux-ci m’amusent et m’intéressent, au lieu que je suis ordinairement peu content de ce que je fais, et que, s’il m’arrive de revenir sur quelqu’un de mes Ouvrages, c’est toujours avec une espèce de répugnance et de dégoût.

Je vous supplie d’embrasser pour moi notre ami le marquis de Condorcet ; je me réserve à lui écrire lorsque je lui enverrai mes Mémoires ; mais je crois que ses autres occupations doivent le détourner beaucoup de la Géométrie.

Je vous embrasse, mon cher et illustre ami, avec toute la tendresse possible.

P.-S. — Vos deux extraits de Lettres sont imprimés[1] ; mais j’ai été obligé de renvoyer à un autre Volume ma démonstration du théorème de Mac-Laurin.

À Monsieur d’Alembert, secrétaire de l’Académie française,
membre de l’Académie royale des Sciences, etc., rue Saint-Dominique,
vis-à-vis Belle-Chasse, à Paris
.

  1. Dans le Recueil de l’Académie de Berlin.