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ment de cette Lettre et je ne l’ai écrite qu’à bâtons rompus. Je vous prie d’en excuser le désordre. Je n’ai pas même le temps de la relire.


41.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 21 novembre 1766.

J’ai reçu, mon cher et illustre ami, avec le plus grand plaisir, votre Lettre du 5 ; je commençais à être inquiet de ne pas avoir de vos nouvelles cependant je présumais que le vent, qui, pendant le mois d’octobre, a presque toujours été à l’est et au nord, vous avait empêché d’arriver aussi tôt que vous le comptiez. Je vois avec la plus extrême satisfaction que vous êtes content et heureux, et cela suffit pour me le rendre. J’ai reçu, il y a peu de jours, une Lettre du roi, où Sa Majesté me parle beaucoup de vous, et paraît très-satisfait des conversations que vous avez eues avec lui[1]. Je réponds à ce grand prince que plus il vous connaîtra, plus il sentira à tous égards le prix de l’acquisition qu’il a faite. Je vous exhorte seulement à bien ménager votre santé le reste ne m’inquiète pas. La mienne est assez bonne depuis le cou

  1. On n’a point la Lettre de Frédéric, mais on a celle que d’Alembert adressa au roi le jour même où il écrivit à Lagrange. « Sire, la Lettre que Votre Majesté m’a fait l’honneur de m’écrire m’a comblé de la plus vive satisfaction. Je vois que Votre Majesté n’a pas été mécontente des conversations qu’elle a eues avec M. de la Grange, et qu’elle a trouvé que ce grand géomètre était encore, comme j’avais eu l’honneur de le lui dire, un excellent philosophe et d’ailleurs versé dans la littérature agréable. J’ose assurer Votre Majesté qu’elle sera de plus en plus satisfaite de l’acquisition qu’elle a faite en lui et qu’elle le trouvera digne de ses bontés par son caractère aussi bien que par ses talents. Il me paraît, Sire, pénétré de reconnaissance de la manière dont Votre Majesté l’a reçu et enchanté de la conversation qu’elle a bien voulu avoir avec lui. Il est bien résolu de faire tous ses efforts pour répondre à l’idée que Votre Majesté a de lui et dont il est infiniment flatté. M. de la Grange, Sire, remplira cette idée. Je ne crois pas rien hasarder en vous l’assurant. Il nous effacera tous, ou du moins empêchera qu’on ne nous regrette. Pour moi, je ne suis plus, Sire, qu’un vieil officier réformé en Géométrie… » (Œuvres de Frédéric II, t. XXIV, p. 412.)