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LA REVISION


immédiatement supérieur ». André, pressé d’aboutir, accepta ce nouveau texte, compliqué et peureux, qui faisait sortir le Conseil d’État de ses attributions. La Chambre l’adopta cependant, sur le rapport de Vazeille, mais non sans un vif débat et après avoir refusé de prononcer l’urgence. Krantz et Montebello avaient demandé que le droit de réintégrer un officier réformé fût accordé au ministre de la Guerre, mais après avis d’un conseil d’enquête. Ils repoussaient formellement l’intervention du Conseil d’État, tribunal administratif, et ne voulaient laisser qu’à la juridiction militaire qui avait condamné le soin de réparer son erreur, ce qui fut combattu par André et par Vazeille ; Guyot de Villeneuve, visant directement Picquart, aurait voulu refusera la loi « tout effet rétroactif[1] » (11 février 1904). L’urgence n’ayant pas été déclarée, une seconde délibération était nécessaire ; André, malgré des efforts répétés, ne put l’obtenir. Les temps n’étaient pas venus. Picquart ne pouvait rentrer dans l’armée que le jour où, de l’innocence légalement reconnue de Dreyfus, résulterait légalement qu’il n’était point venu au secours d’un traître.

L’arrêt de revision levait tout obstacle. Le second projet d’Étienne réintégrait Picquart, décidait que « le temps qu’il avait passé dans la position de réforme lui serait compté comme temps d’activité » et lui conférait, en conséquence, le grade de général de brigade, pour prendre rang du 10 juillet 1903. C’était une ancienneté « supérieure d’un jour à celle du plus ancien des officiers généraux », non pas de son arme, comme dans le

  1. L’amendement de Montebello fut rejeté par 340 voix contre 237, l’article additionnel de Guyot de Villeneuve par 359 voix contre 184 ; le passage à une deuxième délibération fut voté par 360 voix contre 171.