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ESTERHAZY


de l’Europe[1]. Ils remplissent les hauts emplois des rejetons innombrables de leur lignée. Et toujours superbes à la guerre et magnifiques dans la paix, d’une magnificence à la fois asiatique et raffinée, fondateurs d’églises et de couvents, protecteurs des arts, ils font tout en grand et paraissent une dynastie plus qu’une famille.

Ainsi s’étaient élevés, sur la ruine des libertés magyares, ces rois du Danube.

II

Au commencement du xviiie siècle, un rameau des Esterhazy se transplanta en France, à la suite de l’insurrection de Rakoczy.

Ce chef de la branche française, le comte Antoine Ier, était le propre neveu du prince Paul[2], homme de forte vie, comme tous ces Esterhazy, passionné de plaisir et turbulent. Le vieux Palatin l’avait engagé au service de l’Autriche, où il était lieutenant-colonel. Dès que Rakoczy parut à la frontière, il fut, d’un temps de galop, auprès de lui[3].

Ses deux frères[4] et toute la famille le renièrent ; il fut condamné à mort par contumace, comme traître et rebelle, ainsi que Rakoczy lui-même et ses principaux officiers.

  1. 29 seigneuries, 21 châteaux, 60 bourgs à marché, 414 villages (Ersch et Gruber, Allgemeine Encyclopædie.) — « Les Esterhazy font tout en grand ; le prince Paul a doté deux cents maîtresses. » (Jean Paget, Châteaux des Esterhazy.)
  2. Il était le fils de François Esterhazy, qui mourut jeune (1641-1683).
  3. Mémoires de Rakoczy, 51.
  4. Joseph et François Esterhazy.