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CHAPITRE II
L’ILE DU DIABLE
I
Dreyfus, en arrivant aux îles du Salut, écrivit à sa femme :
J’ai été transporté comme le méritait le vil gredin que je représente ; ce n’est que justice. On ne saurait accorder aucune pitié à un traître ; c’est le dernier des misérables : tant que je représenterai ce misérable, je ne puis qu’approuver[1].
La traversée[2] avait été pénible. Pendant les quatre premiers jours, il ne put quitter sa cellule, sorte de cage grillée, où il tremblait de froid. Il fut autorisé ensuite à monter, chaque jour, sur le pont, pendant une heure. Des gardiens armés ne le quittaient pas de vue[3], épiaient son sommeil. Il eut des cauchemars,