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ESTERHAZY


goût, il lâcha la partie, se fixa en Volhynie, à Grodek[1] ; son fils aîné et ses filles s’établirent en Autriche ; son fils cadet se fit russe.

III

Pendant que ce fils d’émigrés émigrait à nouveau, sa sœur Marie-Anne restait en France. Elle avait paru quelque temps à la Cour de Nancy, avait reçu le titre de dame que le Roi accordait aux filles de qualité, quand elles ne trouvaient pas à se marier, et était retournée, vers 1760, à la maison maternelle du Vigan. Un gentilhomme du cru, son voisin, le marquis Jean-César de Ginestous[2], viguier et gouverneur du Vigan,

  1. Il mourut à Grodek en 1805. Il avait épousé, en 1785, la comtesse de Hollweill et eut d’elle trois filles et deux fils : Valentin, né à Paris en 1786, mort à Vienne en 1839 ; Ladislas, né à Grodek en 1797, mort en 1876, au lieu de sa naissance, sans laisser de postérité. Valentin eut un fils qui fut ambassadeur d’Autriche en Suède et en Russie, ne se maria pas et mourut à Paris, le 2 novembre 1857.
  2. Les Ginestous sont une vieille famille noble du Languedoc et remontent authentiquement au xiie siècle. (Histoire du Languedoc, III, n° 33.) Pierre de Ginestous, seigneur d’Argentières, Madières, Gravières et autres lieux, gouverneur et viguier du Vigan, épousa, le 25 mars 1716, Françoise Daudet dont il eut trois fils et trois filles. L’aîné, Jean-André-César, fut, comme son père, viguier du Vigan ; commandant du régiment du colonel-général et chevalier de Saint-Louis, il reçut de Louis XV le titre de marquis (Lettres patentes du 10 décembre 1752). Ses deux frères, le comte Joseph Louis et le vicomte Henri Fulerand, servirent également comme officiers. Armes : d’or, au lion de gueules, etc. ; devise : stabit atque florebit. (De La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la Noblesse.) C’est le marquis qui fut l’amant de Marie-Anne. — Aristide Ollivier, frère aîné d’Émile Ollivier, fut tué en duel, le 21 juin 1851, par un membre de cette famille.