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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


de l’étranger ; son courrier était insignifiant, mais il avait prescrit de le lui remettre en mains propres[1]. Il fréquentait un étranger « aux fortes moustaches », boursier véreux qui avait été condamné plusieurs fois pour escroquerie[2]. Il s’était rendu, une fois, à un tripot, mais Desvernine, plus scrupuleux que Guénée, n’affirma pas qu’il y eût joué[3].

L’agent relata aussi les deux visites à l’ambassade d’Allemagne. Picquart ne put cacher son émoi ; mais, prudent, en causa avec Curé[4] ; il sut de lui « les motifs plausibles » de ces visites et en fit informer Desvernine[5].

Au bataillon d’Esterhazy, l’agent recueillit quelques bruits qui confirmaient les avis de Curé.

Certains envois d’argent parurent suspects ; après vérification, il fut reconnu qu’ils provenaient d’un architecte qui gérait une maison appartenant à Mme Esterhazy[6].

Rien de tout cela n’était décisif ; cependant, la figure d’Esterhazy se dessinait devant Picquart.

  1. Cass., I, 730, Desvernine : « Il recevait des lettres portant notamment le timbre de Bâle, de La Haye et de Spa. »
  2. Cass., I, 730 ; Rennes, II, 251, Desvernine, Rapports des 22 avril, 5, 22 et 28 mai, 24 juin, 16 et 28 juillet 1896, etc.
  3. Rapport du 4 juin. — Cass., II, 89, Picquart.
  4. Cass., I, 149 ; Instr. Tavernier, 12 nov. 1898, Picquart.
  5. Cass., I, 730, 731, 732 ; Rennes, II, 253, Desvernine.
  6. Cass., I, 731, Desvernine. — L’architecte s’appelait Henry.