monstrueux que Lacenaire[1] ». Le journal du président du Conseil, la République française, affecta de traiter avec dédain ces vieilles histoires ; ce traître est de ces morts qu’il est inutile de tuer[2]. Sur quoi, la Libre Parole riposta que « l’affaire Dreyfus était un clou dans la semelle de Méline et qu’il y resterait planté[3] ».
Ces derniers remous d’une courte agitation se perdirent dans les fêtes russes[4]. La France avait donné son cœur à la Russie parce qu’elle était lasse de son noble isolement et qu’il lui était doux de se croire aimée. Les journaux laissaient entendre, le peuple croyait que le jeune Empereur avait promis de tirer l’épée, à l’heure marquée, pour rendre Strasbourg et Metz à la France. Les diplomates, qui avaient signé la convention militaire, quelques politiques avisés savaient que l’alliance défensive a pour objet le maintien du statu quo européen ; elle est donc la confirmation des traités de Versailles et de Francfort ; la Russie y ajoute sa signature. Des milliers d’écussons, entourés de drapeaux, portaient ces mots : Pax, Lex, l’un menteur, l’autre trop peu fier. Faure, Billot, Boisdeffre s’étalèrent dans leur triomphe d’Opéra.
II
Picquart, à l’État-Major, ne connaissait que sa consigne. Gonse et Boisdeffre lui ont prescrit, « par crainte