qui lui paraissaient intéressantes, puis refermait le pli sans qu’il y parût.
L’une de ces lettres, datée du 27 novembre[1] et écrite moitié en français, moitié en espagnol[2], émanait d’un ancien soldat, Germain Ducasse, qui avait servi autrefois sous les ordres de Picquart[3]. Celui-ci l’avait employé, par la suite, à de menues besognes, sous le nom de Durand, au bureau des Renseignements[4], et l’avait placé comme secrétaire chez une vieille amie, la comtesse Blanche de Comminges[5]. Ducasse professait pour Picquart, qui l’aimait beaucoup[6], un grand dévouement. Il avait, par malheur, la manie des surnoms baroques, des désignations mystérieuses. Henry tomba en arrêt devant le passage suivant :
Le grand œuvre est accompli ; Cagliostro est redevenu Robert Houdin… Le demi-dieu demande tous les jours à la comtesse quand il pourra voir le bon Dieu… — Signé : J.[7].
Le « grand œuvre », c’était le ramonage des cheminées dans la maison truquée de la rue de Lille, en
- ↑ Enq. Pellieux, 30 nov. 1897, Pellieux ; Cass., I, 192, Picquart.
- ↑ Cass., II, 213, Picquart.
- ↑ Au 126e de ligne.
- ↑ Instr. Fabre, 22, 64, Ducasse.
- ↑ Cass., I, 192, Picquart.
- ↑ Procès Zola, I, 238, Picquart.
- ↑ J…, initiale de Just, du nom d’un personnage de Lessing ; le fidèle serviteur du major de Tellheim, dans Minna de Barnhelm.
m’en a montré la preuve. » (I, 192.) De même au conseil d’enquête du 1er février 1898 (Cass., II, 161), à l’instruction Fabre (172), à Rennes (I, 456). — Pellieux, dans ses nombreuses dépositions, n’a jamais contredit le fait que Gonse, au contraire, a démenti : « Les lettres de Picquart n’ont jamais été décachetées. » (Cass., II, 161). À l’instruction Fabre, pressé par Picquart, il refusa de répondre, sur quoi Picquart refusa de signer le procès-verbal de la séance. (Instr. Fabre, 172 ; Cass., I, 193.)