VI
Esterhazy s’était vanté d’avoir épargné « à Billot des attaques qui lui auraient été fort sensibles » ; il aurait aussi empêché un gros scandale où Saussier eût été convaincu « d’avoir fait payer par des grades de colonel et de général » les complaisances d’un mari[1]. Il se targue maintenant de déchaîner Drumont contre ces grands chefs ingrats. « Mes amis, écrit-il, ont commencé dans différents journaux, pour me venger de cette canaille de Billot, une campagne qui fait hurler la charogne. Ce vieux drôle ne se doute pas d’où cela part[2]. »
Il précise quelques jours après[3] :
Pour mon cochon (Billot), j’ai prié Drumont de le faire attaquer par tous les bouts, sans repos ni trêve. Il a été parfait. Paul de Cassagnac a été aussi très bien ; et, grâce à Drumont qui fait marcher, non seulement sa feuille, mais d’autres — entre autres l’Intransigeant, — la crapule n’a plus de répit. Quelques échantillons amusants ci-joints.
Drumont m’a dit : « Je vous promets que nous aurons sa peau… » Ceci n’est qu’un léger prélude. On va lui sortir son rôle dans l’Est, son lâchage de Cremer sur les champs de bataille ; mais tout cela, en le distillant, amoroso.
Drumont projette même une petite brochure : l’Armée de la décadence, à tirer à 6.000 exemplaires, 3.000 à vendre et 3.000 à distribuer gratis. Parlement, presse, régiments.