Cassagnac paraphrasa la prose d’Esterhazy dans un long article[2] :
Comment pouvez-vous espérer qu’un général de division, jeune, intelligent, actif, obéira sans résistance à une vieille bourrique de même grade, maintenu dans le service militaire jusqu’à soixante-douze ans, non point en récompense de ses services militaires, mais pour des complaisances politiques, et alors que ces vieilles bourriques sont depuis longtemps incapables de monter à cheval et appartiennent, de droit, à la Société des cent kilos ?
Et, comme Esterhazy, Cassagnac annonce la défaite, « car la République est condamnée à nommer généraux d’armée des imbéciles ou de plats courtisans ». Un général victorieux la confisquerait[3].
Boisdeffre savait la valeur persuasive des raisons sonnantes ; Billot ne l’ignorait pas. Peu après, la campagne de presse cessa brusquement. Esterhazy fut réduit à des manifestations épistolaires.
De jour en jour, au régiment, il se sentait plus gêné,
- ↑ Intransigeant du 3 mars 1897. — Le rédacteur, Cloutier, qui signe Charles Roger, ajoute : « Tout commentaire affaiblirait, l’intense intérêt de cette violente mais juste critique, écrite par un homme du métier, — cela se voit ! »
- ↑ Autorité du 18 mars, le Haut Commandement.
- ↑ La Libre Parole visa plus directement Saussier dans deux articles, où il fut pris à partie, en compagnie de l’un de ses anciens officiers, Berger. (27 février et 18 mars.) Le 25 février, Esterhazy (à qui Berger n’avait prêté que deux mille francs) écrivait : « Il aura de mes nouvelles, demain, dans la Libre Parole. »