Dans un adieu qui semblait devoir être le dernier, il remerciait sa femme de son dévouement et tous les siens, les amis qui n’avaient pas douté de lui.
Nous suivions, Darlan et moi, les bords de l’Allier, pendant que je lui faisais ces révélations inattendues, car les propos de Scheurer n’étaient pas encore venus à lui, et ni Méline ni Billot ne l’avaient informé de rien. Il ne me répondit pas seulement par des phrases sur le respect de la chose jugée, mais allégua une prétendue preuve postérieure à la condamnation, cette copie (il disait : ce brouillon) du bordereau qui avait été prise, à l’île de Ré, dans un vêtement de Dreyfus. Je n’eus pas de peine à lui démontrer combien était absurde l’hypothèse que le traître, quel qu’il fût, eût fait et conservé un brouillon de l’infâme missive. Et, si Dreyfus avait tenu à en emporter une copie dans son bagage, c’était une preuve de plus qu’il était innocent, car, coupable, il n’aurait pas eu besoin de s’en remémorer le texte[1].
- ↑ 8 septembre 1897.