line ; il lui écrivit[1] que l’heure était trop grave pour s’arrêter à un vain formalisme et lui demanda en grâce de recevoir lui-même les communications de Leblois. Il se rendit ensuite[2] chez le ministre de la Justice ; mais, au premier mot, Darlan observa que la loi qui fait du garde des Sceaux l’un des juges des requêtes en revision, lui impose de n’en pas connaître à l’avance et en secret.
Et la presse hurlait toujours. Son autorité morale, qui lui avait paru, comme à ses amis, l’un des principaux éléments du succès, Scheurer la voyait s’en aller par lambeaux, en pure perte.
Au Sénat, ce jour-là, il sentit une hostilité, mêlée d’ironie, qui lui fit mal : « Parlerez-vous bientôt ? — J’ai engagé ma parole. — À qui ? — À Billot. » On haussait les épaules[3].
N’y pouvant tenir, il se rendit à la présidence du Conseil, où il ne rencontra qu’un secrétaire de Méline. Il lui signifia qu’il était excédé des procédés de Billot : « Tous les jours, le ministre me fait attaquer dans sa presse ; je considère que la trêve est rompue et je vais informer les journaux des causes de mon silence. »
Une heure après, Méline le convoqua pour le lendemain matin ; mais, déjà, Scheurer avait adressé au Figaro une courte note. Il s’y disculpait simplement du long retard qu’on lui reprochait : « J’ai fait part au gouvernement des éléments sur lesquels se fonde ma conviction. Il est naturel que je lui laisse le temps de prendre les mesures nécessaires[4]. »
Une communication, d’un tout autre ton, parut à la