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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ment. « La pièce ne porte ni en-tête, ni cachet ; le papier est du temps, un peu trop vieilli peut-être. » (La Vérité en marche, 261.) Les arguments « moraux ne sont pas plus solides ». Combe qui, venant d’Ancône, n’avait pris le commandement de la légion que depuis une quinzaine de jours, tient à affirmer tout de suite son autorité de vieux soldat de Napoléon ; il tranche de tout au débotté ; le style, du Napoléon en toc, est bien du temps.

À l’instruction Flory, le 12 août 1898, Judet dépose : « Mon correspondant anonyme m’avait fait savoir que la première des lettres signées Combe devait se trouver dans les archives de la préfecture de Constantine. » Une commission rogatoire fut envoyée à Constantine ; on retourna tous les dossiers et aucune lettre de Comlje ne fut trouvée, ni à la préfecture, ni ailleurs. (Rapports du préfet, du procureur de la République, du juge d’instruction, de l’archiviste, etc., à l’instruction Flory).

Cavaignac, dans sa lettre du 29 août 1898, avait déclaré, d’autre part, que la lettre n’existait pas au ministère de la Guerre, ce qui fut confirmé ultérieurement par Galliffet (16 décembre 1899). — Déclaration identique de l’archiviste Raveret, le 19 octobre 1898 à l’instruction Flory.

La fausse lettre était présentée comme antérieure à l’autre, du 12 juillet 1832. Or, Combe n’était arrivé à Alger que le 27 juin. Dans l’impossibilité où l’on se trouvait de donner à la fausse lettre une date vraisemblable, on préféra (avec raison) ne pas la dater du tout.

Enfin, selon Judet[1], la lettre était adressée au premier général de Loverdo ; mais Loverdo, en 1832, était à Paris, en disponibilité ; Combe n’avait aucun sujet de lui rendre compte de l’affaire Zola ; en tout cas, la lettre, si elle avait été adressée à Loverdo, à Paris, serait restée dans les papiers du destinataire, — et Judet, précédemment, avait dit qu’il la fallait rechercher à Constantine.

  1. Instr. Flory, 17 août 1898.