cat, prend parfois les apparences du mensonge ; le mensonge du soldat a souvent l’air de la vérité. Pellieux conclut que Picquart avait trahi le secret professionnel, entretenu son ami du petit bleu, et, par Leblois, dans l’ombre, documenté Scheurer, déchaîné le scandale[1].
Quand Leblois, dans une chaleureuse péroraison, exposa que l’homme dénoncé par le frère de Dreyfus était bien le traître, Pellieux, risquant une pointe, l’engagea à réclamer l’arrestation immédiate d’Esterhazy. Mais l’avocat répondit qu’il n’avait pas qualité pour le faire[2].
Pellieux dit encore qu’il ne comprenait point pourquoi Picquart avait communiqué à un tiers de tels renseignements. « Dans l’intérêt de sa défense », reprit Leblois. Pellieux objecta que « Picquart n’était pas accusé[3] ».
Le lendemain, Pellieux consentit, avec beaucoup de bonne grâce, à ce que Leblois rédigeât lui-même un résumé très succinct de sa déclaration[4]. Ce sont, quelque fois, les paroles qui restent. Pellieux rapporta à Saussier, comme il le devait, et à Gonse, tout le discours de Leblois.
En fait, ce discours rassura Boisdeffre, qui n’eût pas excédé le droit à l’hypothèse en supposant plus d’entente entre les divers défenseurs de Dreyfus. Si Leblois a dit la vérité, Picquart n’est nullement un révolté qui conspire et cherche en secret à avoir raison contre les chefs, à délivrer l’homme de l’île du Diable. C’est seu-