Les « intellectuels », Duclaux, Albert Réville, Stapfer, Darlu, Bréal, continuaient leur propagande[1], et rien n’enrageait plus les écrivains catholiques, surtout les néophytes, que de voir tant d’illustrations du « côté qu’il n’eût pas fallu[2] «. Brunetière, une fois de plus, n’y tint pas, s’en prit, comme à l’aïeul du Syndicat, à Voltaire. Guyot, dans une vive passe d’armes[3], l’amena à dire : « Je suis moins sûr qu’autrefois de l’innocence de Calas ; je ne crois pas à l’erreur judiciaire dans l’Affaire Dreyfus[4]. » L’un des plus grands savants du siècle, Gaston Pâris, s’inscrivit à son tour « parmi les soldats de la cause vaincue, mais juste[5] ».
Les ministres avaient gardé le secret sur le projet de Cavaignac : la mise en accusation en bloc des chefs du parti revisionniste, leur envoi devant la Haute Cour. Cependant le bruit s’était répandu d’un coup de force.
- ↑ Les Étapes d’un intellectuel (d’Albert Réville) et les Billets de la Province (de Stapfer, sous le pseudonyme de Michel Colline) parurent dans le Siècle ; l’étude de Darlu : M. Brunetière et l’individualisme, dans la Revue de Métaphysique et de Morale.
- ↑ Brunetière, Après le procès, 11.
- ↑ L’un des Billets de la Province contenait un portrait de Basile ; Brunetière s’y reconnut et adressa une série de lettres au Siècle, (12 a 30 août 1898.) Guyot les insérait et leur répondait au jour le jour ; il réunit plus tard ses articles et les lettres de Brunetière sous ce titre : Les Raisons de Basile.
- ↑ Lettre du 12 août 1898.
- ↑ Gaston Pâris avait terminé par une admirable (et transparente) invocation à la Justice, une étude sur Philippe le Bel. (Revue de Paris, du 1er août 1898). Je citai cette péroraison dans le Siècle. Il m’écrivit : « Votre article m’a fait grand plaisir en me désignant nominativement comme un des soldats de la cause vaincue, mais juste. » (De Cérisy-le-Salle, 16 août.)
langage de bien bonnes choses et bien vraies, celles-là même qui avaient besoin d’être dites aujourd’hui… Il a eu le courage de dire leur fait aux intellectuels « qui tiennent le haut du trottoir. »… Voilà qui est noblement parlé… Ne nous associons point aux égarés qui travaillent à déconsidérer les chefs de l’armée et à ruiner son esprit de discipline. »